Revue de «mieux devenir fou dans la nature»

Dans une année déjà bien remplie de films sur les jumeaux — de The Monkey à The Alto Knights, en passant par Sinners et le prochain TwinlessBest Go Mad in the Wild de Miro Remo se distingue largement. Ce n’est pas seulement un documentaire original : c’est une œuvre sensible, drôle, parfois déchirante, sur deux vies qui s’enlacent et s’effritent à la fois.

Les protagonistes, Ondřej et František Klišík, sont des jumeaux barbus vivant dans un isolement total au cœur des forêts de Šumava, en République tchèque. Leur quotidien est fait de gestes simples, de disputes tendres, de silences lourds et d’un amour fraternel presque animal. Le film est un portrait intime, mais aussi une réflexion douce et joyeusement étrange sur ce qui donne du sens à une vie.

Une forme libre, poétique et inattendue

Remo s’éloigne des conventions documentaires : pas de voix off explicative, pas d’interviews à la caméra. À la place, une narration inattendue — celle d’une vache, voix paisible et presque sage qui nous accompagne en filigrane. C’est absurde sur le papier, mais dans le film, ça fonctionne étrangement bien. Elle devient le seul “témoignage” extérieur, et ajoute une touche d’onirisme discrète mais marquante.

Le film se déploie comme une chronique sans urgence. Le temps s’efface : difficile de dire si l’on traverse des jours, des semaines, ou des années. C’est justement ce flou qui rend l’expérience si immersive. On s’enfonce dans cette routine étrange où le confort se mêle à une forme d’ennui douloureux, où l’humour côtoie une mélancolie sourde.

Une beauté visuelle simple et profonde

Avec son chef opérateur Dušan Husár, Remo compose des images superbes sans jamais forcer le trait. Un miroir rond, récurrent dans plusieurs scènes, devient une sorte de motif poétique : accroché à un mur ou transporté en pleine forêt, il reflète le ciel, les arbres, la lumière, comme s’il nous aidait à regarder autrement. Le film sait aussi capter la beauté dans les gestes banals : préparer un repas, se raser, scier du bois… tout devient matière à contemplation.

On rit, aussi. Les frères se lancent dans des bras de fer maladroits, se taquinent à table, se disputent sur des broutilles — comme ce débat absurde sur qui est Caïn et qui est Abel. Et puis, soudain, un changement de ton : ils évoquent la mort. Qui partira le premier ? Que deviendra celui qui reste ? Ce n’est plus seulement une peur : c’est une angoisse existentielle, une certitude en attente.

Une tendresse qui vous serre doucement le cœur

Le plus bouleversant, c’est peut-être l’absence totale des autres. Pendant tout le film, on ne voit aucun autre être humain. Ces deux hommes ne sont plus que l’un pour l’autre le dernier lien au monde. Quand ils parlent de leur fin — et de ce qui viendra après — on sent leur voix trembler, sans effets, sans pathos. Juste une vérité nue, humaine, difficile à entendre.

Et c’est là que Best Go Mad in the Wild atteint une forme de grâce. Il ne cherche pas à faire une déclaration grandiose, ni à choquer ou impressionner. Il nous donne juste à voir deux vies simples, deux êtres imparfaits, drôles, fatigués, liés comme rarement on l’est au cinéma.

 

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