Le film catastrophe, c’est un peu une espèce en voie de disparition à Hollywood. Il fut un temps où c’était le roi de la jungle, l’alpha du box-office — aux côtés de la comédie romantique et des superproductions d’action. Aujourd’hui ? C’est un genre qu’on voit de moins en moins, et encore plus rarement bien fait.
Peut-être parce qu’on vit déjà au milieu de nos propres désastres : crises, incendies, inondations… Difficile de trouver le courage d’en regarder une version “divertissante” sur écran quand on n’a qu’à jeter un œil à son fil d’actu pour voir le chaos en direct. Et pourtant, certains cinéastes tentent encore de raviver la flamme — littéralement. C’est le cas de Le Bus Perdu, dispo sur Apple TV+, qui s’attaque à une tragédie bien réelle : l’incendie de Camp Fire en Californie, en 2018.
Un pari audacieux, parfois risqué, mais qui prouve que le film catastrophe a encore de beaux restes… quand il ne se perd pas en route.
L’histoire : un chauffeur, un bus, et l’enfer
Dans Le Bus Perdu, Matthew McConaughey incarne Kevin McKay, un chauffeur de bus ordinaire qui va vivre la pire journée de sa vie. Déjà à bout de nerfs entre son boulot mal payé, sa famille éclatée et une série de malchances bien senties, Kevin se retrouve propulsé au cœur d’un incendie gigantesque quand un feu incontrôlable ravage le comté de Butte, en Californie.
Au lieu de fuir, il décide de faire ce qu’il sait faire de mieux : conduire. Sauf que cette fois, c’est pas juste une navette scolaire — c’est une mission de survie. À bord, un groupe d’enfants et leur prof (interprétée avec une belle sobriété par America Ferrera) tentent d’échapper aux flammes, pendant que le feu les rattrape à une vitesse effrayante.
Et pendant ce temps, Ray Martinez (Yul Vazquez), un chef des pompiers de Cal Fire, lutte désespérément pour contenir le brasier et sauver le maximum de vies.
Paul Greengrass, toujours la caméra au poing
Le film est réalisé par Paul Greengrass, qu’on connaît pour ses plans nerveux et immersifs dans la saga Jason Bourne. Et clairement, son style colle parfaitement ici : caméra à l’épaule, tension permanente, montage sec… On ressent la panique, la chaleur, la confusion — tout ce que le feu peut provoquer.
Ses séquences d’action sont impressionnantes, parfois suffocantes : quand Kevin tente de manœuvrer son bus à travers des forêts en feu, on a l’impression d’être à bord avec lui. Greengrass filme les flammes comme un personnage à part entière : imprévisible, terrifiant, vivant.
Là où le film marque des points, c’est dans ces moments purement visuels, où l’action parle d’elle-même. Quand il montre la lutte humaine face à la nature déchaînée, Le Bus Perdu retrouve la puissance du grand cinéma catastrophe des années 90.
Là où ça coince un peu…
Le problème, c’est que le film n’arrive pas toujours à équilibrer le spectaculaire et l’émotion.
Le scénario insiste un peu trop sur les clichés : le père absent, la rédemption, les disputes familiales au talkie-walkie… Ça sonne parfois forcé, voire inutile, face à la gravité du sujet.
On aurait aimé que Le Bus Perdu s’attarde davantage sur les causes réelles de l’incendie, ou sur le poids du changement climatique — au lieu de jouer la carte du drame familial classique. Résultat : le film touche souvent juste, mais il dérape aussi dans le mélodrame, comme s’il ne faisait pas totalement confiance à la force de son propre réalisme.
Verdict
Malgré ses maladresses, Le Bus Perdu reste un film haletant, sincère, et visuellement impressionnant.
McConaughey livre une performance sobre, loin du charmeur d’autrefois, et Greengrass prouve encore une fois qu’il sait capturer la tension du chaos mieux que quiconque.
Ce n’est pas le retour triomphal du genre “film catastrophe” — mais c’est un rappel poignant de pourquoi on les aimait : ces histoires où l’héroïsme ordinaire affronte des forces impossibles.
Et peut-être que c’est ça, le vrai message du film : même quand tout brûle autour, il y a encore des gens qui essaient de sauver les autres.
Le Bus Perdu est disponible dès maintenant sur Apple TV+.
Prépare-toi à transpirer un peu — de chaleur et d’émotion.
